Canard colvert
Anas platyrhynchos
Mallard
Ordre des ansériformes
Famille des anatidés
Texte et photos de Mario Lefebvre
Les semaines passent et malgré le temps froid, les oiseaux qui demeurent en place son sujet à se faire tirer le portrait. C’est le cas ici du canard colvert, car il peut trouver de quoi manger, entre autres, le long du fleuve Saint-Laurent, là où le courant est fort et l’eau ne gèle pas. Ce colvert ou malard, nom qui lui est souvent attribué au Canada, est commun et répandu un peu partout dans le monde. Certaines espèces ou individus vivant au nord, migrent vers le sud l’hiver venu. Abondant dans les parcs et dans les milieux urbains, ce canard est omniprésent au Québec du fait qu’il y a été domestiqué même avant la poule et qu’il y existe de nombreux plans d’eau partout sur le vaste territoire.
Le colvert mâle possède une livrée bien colorée et son nom décrit bien le vert forêt qui orne sa tête et son cou. Sur les côtés de ses rémiges, il a une bande spéculaire miroir d’un bleu-violet iridescent, de même qu’un ventre brun et le reste de son plumage est gris pâle. La femelle du colvert affiche aussi ce miroir bleuté bordé de blanc sur ses côtés, mais le fond de sa livrée est brun-beige rayé sur tout le reste du corps. Le bec du mâle est jaunâtre, celui de la femelle est brunâtre. Ses pattes palmées et orangées, se démarquent visiblement de son plumage.
Le canard colvert fait partie du groupe des canards barboteurs. Ces canards s’alimentent dans les eaux peu profondes, plongeant leurs becs en surface ou en piquant les fonds vaseux des étangs, des mares, des lacs ou des rivières peu agitées. Basculant son corps vers l’avant, le colvert reste en position verticale pendant un bon moment à la recherche de nourriture. Remuant l’eau à coups de pattes circulaires et alternés, il avance sans trop d’effort. Contrairement aux canards plongeurs qui disparaissent sous l’eau pour quelques secondes, le colvert ne possède pas une physionomie adéquate pour plonger ainsi. C’est un canard qui pèse plus d’un kilo, ventru par surcroît, qui ne peut définitivement pas barbotter et flotter au lieu de nager à la façon d’un submersible.

Son alimentation dépend du plan d’eau sur lequel il se trouve. Comme il est omnivore, il peut aussi bien s’alimenter de poissons, d’insectes, de grenouilles que de végétaux. À l’occasion, le colvert peut se déplacer au sol pour brouter quelques herbages ou pour rejoindre son nid. Celui-ci est confectionné à partir de branches, de tiges et de rameaux, tapissé de duvet blanc que la femelle prend à-même de son plumage. Aux abords des eaux douces ou saumâtres, le canard colvert y fait son nid. La femelle aura le mandat de couver seule sa douzaine d’œufs pour une période de 28 jours. À cause d’un plumage trop coloré, le mâle ne pourra s’investir de cette tâche, il fera le guet aux alentours du nid. La femelle ayant un plumage neutre aux couleurs des blés, assurera une protection à toute épreuve, se mariant au décor naturel et moins visible aux yeux de ses prédateurs.
Le canard colvert cancane, caquette ou nasille. Le cri de la femelle est bruyant et rauque, celui du mâle est plus doux. Chaque espèce d’oiseaux ont leur particularité. Les canards colvert mâle ont la mauvaise réputation d’agir de façon agressive quant à la copulation ; les mâles pesant le double du poids de la femelle peuvent à l’occasion « forcer » celles-ci à la reproduction, en les obligeants à foncer au sol lorsqu’elles sont en vol. De là, les mâles s’accouplent en faisant fi de la parade nuptiale et du consentement de cette dernière !
« Non, c’est non. » Le canard colvert peut s’hybrider avec une cinquantaine d’espèce, ce qui est communément appelé pollution génétique. Pour ne nommer que celui-là, le canard mulard est issu du canard colvert et du canard de barbarie.

Le canard colvert, beaucoup chassé, se retrouve souvent intoxiqué en gobant des billes de plomb lâchées par les chasseurs. Cette maladie se nomme le saturnisme, une maladie non transmissible d’intoxication aiguë ou chronique par le plomb. En Europe et en Amérique le plomb utilisé dans les douilles de fusil des chasseurs a été interdit, malheureusement après le ravage de la maladie qui persiste à ce jour.
Sur les plans d’eau, les cannetons suivent leur mère à la queue leu-leu de manière structurée. En chevauchant les vagues générées par la cane, le caneton qui suit obtient une importante réduction de la traînée des vagues qui devient positive, poussant ainsi le caneton vers l’avant. Ce mouvement est alors transmis au suivant et ainsi de suite jusqu’au dernier caneton. Les canetons ne fournissent aucun effort en se faisant tirer par ce phénomène que l’on appelle ; la mécanique des fluides.