Une entrevue de Luz Garcia et Marek Zielinski
Il y a quelque chose d’irrésistible et envoûtant dans la voix d’Annie Comtois quand elle chante. Pourrait-on appeler cela un « It ». Comme pour exprimer le sens de « It factor » ? Probablement pas ; ce serait pour nous de faire preuve de paresse, en l’absence de vocabulaire… Surtout qu’on cherche à bien identifier cette « chose-là » : sa voix est faite de lumière, de chaleur, de cette vibration qui rend toute chose vivante. Autant pour la concision en excellence anglophone, car on gagne en poésie !
Il est impossible de ne pas se laisser emporter par la vague de joie et de bonheur en l’écoutant chanter. D’ailleurs, pourquoi résister ! Elle nous tend sa main et le voyage s’annonce plein de couleurs et de beauté.
Nombreux artistes s’inventent des pseudonymes, les noms de scène, des alter-ego ; c’est surtout une tradition anglo-saxonne qui fait quand même quelques victimes ici. Annie porte le nom que même le plus habile des communicateurs ne saurait trouver. Quand elle chante ses rêves, ses peines, ses joies – avec le net avantage aux dernières – elle chante tout autant nos peines, nos joies. Comme toi, comme moi, comme nous tous – elle parle de ces êtres fragiles et indestructibles à la fois qui parcourent l’Univers sur le dos d’une graine de poussière cosmique que nous appelons Terre.
Le grand cinéaste allemand Wim Wenders disait, pour expliquer le succès planétaire de ses films, que pour aller partout, il faut venir de quelque part. Ce quelque part pour Annie Comtois est une terre bien spéciale, un amalgame de plusieurs cultures, née d’un caprice royal mais forgée par les femmes et les hommes de fer. Il y a dans le chant d’Annie la chaleur vibrante de la Nouvelle-Orléans ; le doux désespoir de nuits d’Harlem ; la coquetterie un peu canaille de Paris et le charme nonchalant de Montréal qui, les pieds nus dans l’eau et la tête sur la montagne, regarde le temps et la vie passer.
Le motif du voyage revient souvent dans les chansons d’Annie. Le voyage fait en soi pour s’y sentir vraiment chez soi, et celui par qui le monde, malgré sa diversité, répond à la musique de la même manière : on tape du pied, on dodeline de la tête, on balance les hanches, on frappe dans les mains. On est heureux, au diapason avec quelque chose de profondément humain en nous, qui refait surface, qui fait un coucou pour dire : je suis là, ne m’oublie pas ! C’est peut-être ça, la vocation première de tout art.
Être doté d’une voix puissante et pure est une chose. De pouvoir rendre une chanson vivante est un don plus rare. Il vient du vécu, de l’histoire personnelle faite d’expériences, d’égarements, de remises en question, du courage de trouver sa voie. Pour paraphraser Annie Comtois quand elle parle de ses ateliers de chant, il faut trouver sa place au soleil, mais aussi trouver à son soleil une place, célébrer sa propre exception, son caractère unique. C’est un beau projet, peut-être le plus beau de tous les projets, qu’on appelle la vie !
Laissons la place à Annie Comtois pour y répondre ; écoutez-la attentivement car, en grande communicatrice, elle parle aussi bien qu’elle chante.
Quelle est votre profession d’origine et depuis quand et pourquoi êtes-vous devenue chanteuse et coach vocale ?
De nature curieuse, j’ai développé plusieurs cordes à mon arc dans le domaine des arts et des communications. Depuis treize ans, je suis coach vocale et chanteuse professionnelle depuis déjà dix-sept ans. J’ai décroché mon premier contrat comme chanteuse en 2003 et c’est en 2008 que je me suis lancée dans une carrière à temps plein comme artiste et communicatrice.
J’aime dire que ma mission secrète est d’être brocanteuse de bonheur. Comme artiste et coach, j’aime aider les gens à se connecter à leur lumière intérieure et à briller. À travers le coaching vocal et créatif, j’accompagne mes clients à incarner leur voix authentique pour créer leur voie unique. Et s’épanouir.
Pourquoi avoir choisi la chanson, l’art, la communication comme profession, en sachant que cette voie est très difficile ?
L’intuition m’a toujours guidé vers ces domaines-là : l’art, la créativité, le chant, la musique, les communications. J’ai fait plusieurs détours dans le passé et je suis toujours revenue à mes passions.
Durant mon enfance, mon père me disait souvent : « Quand on veut, on peut ! » En réponse à cette affirmation : « Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus… ». Je me suis dit, un jour : « Si certains réussissent… pourquoi pas moi ? » J’ai décidé de foncer, d’apprendre, de m’ajuster au fur et à mesure et de faire confiance. Je suis heureuse aujourd’hui d’avoir osé écouter les élans de mon cœur et d’avoir bâti au fil du temps un métier qui me plaît.
Pendant longtemps, j’ai étouffé ma voix intuitive ; aujourd’hui, ironiquement, je me rends compte que c’est l’une de mes plus grandes forces.
Quand j’avais huit ans, j’avais de la difficulté à dire « présente » en classe tellement j’étais mal dans ma peau. Au fil du travail sur moi, je me suis retrouvée un jour à chanter devant de grandes foules, à écrire des chansons originales… à oser exprimer ma voix. Ce fut un processus de libération en quelque sorte. La méthode de coaching que j’ai développée s’appelle d’ailleurs : « Libérer sa voix créative ».
De tous ces domaines que vous touchez, dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise ?
J’ai étudié le chant et la création littéraire à l’université, l’art dramatique ainsi que les communications au collégial et suivi plusieurs cours dans des domaines connexes : relations publiques, animation radio, publicité, jeu devant la caméra, etc. De nature multi potentielle, j’ai décidé un jour de me concentrer sur ma carrière d’auteure-compositrice-interprète, qui me permet, mine de rien, d’exprimer plusieurs passions : écriture, composition, interprétation, chant, animation sur scène, direction artistique…
Le coaching s’est dessiné par la suite naturellement, un peu par hasard, sur mon parcours. À l’époque, une amie avait insisté pour que je lui donne des cours car elle aimait ma façon de chanter… Je lui disais au départ : « 0Je ne sais pas comment faire, ce n’est pas mon métier… » J’ai fini par accepter… et ce fut un succès ! J’ai eu ensuite des clients par la suite et j’ai approfondi mes connaissances, ma pratique… Et cela fait maintenant treize ans que je pratique ce métier si magnifique.
Combien de disques avez-vous enregistrés à présent ?
J’ai lancé trois albums (EP) ; le plus récent inclut les chansons originales Tes lunettes roses et Nouvel élan, disponibles sur toutes les plateformes numériques, dont iTunes. Je suis reconnaissante de dire que ces chansons, qui ont pour but de faire du bien, continuent à tourner dans plusieurs radios.
Selon vous, peut-on créer des liens à travers l’art : la musique, la chanson, etc., avec d’autres cultures pour surpasser les différences ?
Oui. J’adore connecter avec des gens de différents horizons culturels. Nos différences sont des forces. J’ai toujours été interpellée par l’effet rassembleur du chant et de la musique. Bien que j’aie étudié la création littéraire et que je crois au pouvoir des mots, pour moi la musique permet de dépasser la barrière de la langue et de toucher plus facilement les cœurs… J’aime bien cette citation : « Là où les mots s’arrêtent, la musique commence ».
Est-ce difficile de subsister dans ces temps de changements ?
Avec la pandémie, je suis sortie de ma zone de confort… j’ai travaillé fort pour adapter ma pratique de coaching vocal et créatif sur le Web. Aujourd’hui, j’en suis vraiment ravie. C’est une formule que j’adore et je reçois d’excellents retours de mes étudiants.
Ayant aimé l’expérience de suivre des formations en ligne tout dernièrement, inspirée, je viens de créer le contenu d’un tout nouveau programme en ligne unique sur le marché : « Le pouvoir libérateur du chant conscient ».
On peut maintenant s’inscrire sur la liste d’attente pour faire partie de cette merveilleuse aventure : https://www.locomotivecreative.ca/programmechantconscient
Selon vous, quel geste ou quelle action pourra aider les artistes en ces temps-ci ?
Parfois, le simple fait d’interagir sur les plateformes de médias sociaux d’un artiste peut créer un impact positif ! C’est une petite action gratuite qui fait une différence. Acheter la musique des artistes d’ici, créer des playlists avec leurs chansons et partager les publications sont quelques exemples.
J’ai créé il y a quelques semaines un groupe Facebook pour les gens sensibles, qui ont envie de se connecter à leur voie du cœur et « libérer leur voix créative » pour ensoleiller le monde. J’y transmets des contenus gratuits autour du chant, de la conscience et de la créativité. Je vais d’ailleurs bientôt partager gratuitement une méditation guidée et chantée et quelques mini-séances de coaching. On peut joindre le groupe ici.

Quel changement aimeriez-vous apporter dans le but d’améliorer le rapport qu’on a avec les artistes ?
J’aurais envie de répondre de façon large et inclusive. Peu importe, notre métier, notre bagage, notre culture, j’ai toujours adoré les connexions humaines. C’est merveilleux de prendre le temps de s’intéresser à l’autre, de mettre nos jugements de côté, pour apprendre à découvrir l’autre avec bienveillance. La vie devient une aventure plus joyeuse.
Quelles actions concrètes peut-on poser pour aider à la visibilité des artistes ?
J’aime beaucoup des initiatives comme celle-ci, mettant de l’avant les artistes de la région. Merci beaucoup ! La beauté d’un média local sur le Web, c’est que ça offre une possibilité pour les gens de découvrir des artistes de leur coin tout en offrant une opportunité de se faire voir sur la grande toile du monde entier.
Quand on développe le réflexe de partager à notre réseau le travail d’artistes que l’on apprécie, en un petit clic de souris, cela peut faire au bout du compte une différence énorme !
Par exemple, amoureuse de Verdun, j’avais tourné le clip « Tes lunettes roses » sur le bord de l’eau et j’ai été ravie de voir que plusieurs Verdunois ont partagé le vidéoclip à leur réseau ! Quelle joie !
Pour ceux qui aimeraient voir ou le revoir le clip de cette joyeuse chanson en images réalisé avec une belle équipe de comédiens, dont la Verdunoise Maude Desbois, et les danseurs du Studio 88 Swing, voici le lien.
D’après vous, pour quelles raisons le Québec a produit tant de grands chanteurs, parmi les meilleurs au monde ?
C’est une excellente question… Je crois qu’il y a de grands chanteurs et artistes à travers le monde et le Web nous ouvre un accès incroyable sur des talents exceptionnels de partout. En même temps, c’est un beau cadeau à s’offrir de prendre le temps de découvrir les artistes d’ici. J’ai toujours aimé ce sentiment d’appartenance que nous procure le fait d’encourager le fait local. C’est une fierté de consommer des produits culturels et de qualité et de soutenir par la même occasion des gens qui sont en quelque sorte nos voisins… Cela contribue à enrichir la vie de quartier par ricochet.
Depuis quand est-ce que vous habitez à Verdun ?
J’ai élu domicile à Verdun il y a déjà près de vingt ans.
Qu’est-ce qui vous a fait décider d’habiter à l’arrondissement malgré la mauvaise réputation d’antan ?
J’étudiais à l’époque à l’université Concordia et je cherchais un appartement près d’un métro sur la ligne verte… J’ai eu un coup de foudre pour Verdun dès que j’y ai mis les pieds. J’adore le dynamisme et la chaleur humaine des gens qui y habitent. La Promenade Wellington avec ses boutiques et restaurants m’a tout de suite charmée et le bord de l’eau est un havre de paix pour moi.
Est-ce que vous voulez partager autre chose avec nos lecteurs ?
Merci d’avoir pris le temps de connecter avec nous. Au plaisir de poursuivre le dialogue en paroles ou en chansons d’ici !