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Samedi, 25 octobre 2025

Verdun + Île-des-Sœurs
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MAXIME VOTERA

Billet de Jean-Guy Marceau

Maxime a 22 ans. Pour la première fois de sa vie, il ira voter. À peine réveillé à 14 h, il posera un geste significatif pour lui, mettre dans une urne, devant le regard indifférent de Mme Chose, un papier très important : son bulletin de vote. Choisir les candidats (es), c’est là que les choses se compliquent pour ce jeune Verdunois à l’esprit libre.

Max est un jeune homme plutôt sérieux. Il s’est donné un mal fou à lire les programmes, tous les programmes, de tous les partis. Il s’est rapidement retrouvé dans un tourbillon existentiel. Un premier candidat promet une transition écologique radicale, pense-t-il, en mangeant un super burger-double-boulette ; cet autre parti veut faire des économies massives, mais sans couper dans les services publics (Magie). Un candidat, pas très sexy, veut taxer les riches, mais attire les ultrariches dans ses filets. Un quatrième candidat veut tout privatiser, sauf la pluie et les cônes orange, finalement une candidate hyper optimiste souhaite naturaliser, même le sirop d’érable. Maxime lit, surligne, fait des tableaux comparatifs. À la fin, il a l’impression de jouer au bingo avec des idéologies. Tout le monde veut sauver Montréal et Verdun, mais personne n’a le même GPS. Il lit les récentes publications, un parti parle de « bon sens », l’autre de « vivre ensemble » un troisième de « rétablir l’autorité », mais personne ne semble répondre à la vraie question : qui va réparer les trottoirs défoncés devant chez lui?

À bout de souffle, il envisage alors un vote stratégique. Puis un vote utile. Puis un vote de contestation, il pense même à voter blanc, avant de se souvenir que, techniquement, ça ne sert à rien. Sa tante Martine, la philosophe de la famille, lui dit : « Vote pour celui ou celle qui te parle ». Il répond : «Ils me parlent tous, marraine, mais je comprends pas vraiment ce qu’ils disent» 

                                Au début de novembre, Maxime partira en vélo et se présentera au bureau de vote pour y glisser timidement son bulletin. Il ne sera évidemment pas certain de son choix, mais au moins il aura voté. Max comprend que voter, ce n’est pas forcément pour trouver la meilleure personne, mais pour faire entendre sa voix, même si elle est un peu hésitante. Il prétend aussi que voter, c’est participer un petit bout à la fois, à un truc plus grand que soi. Pas mal pour un jeune homme qui passe 10 heures par jour sur son ordi et/ou son cell. Il sait très bien que si les jeunes ne votent pas, d’autres le feront à leur place, il préfère encore choisir lui-même son avenir, plutôt que le laisser aux fans de la messe de 8 h et du macaroni réchauffé.

                               Le jour J arrive, Maxime entre dans l’isoloir, il sent son cœur battre jusque dans son piercing dans le nez, c’est comme s’il allait tricher à un examen sans connaitre la matière. Il se rappelle ; ce que son chum Phil lui a dit hier soir en écoutant le hockey : «Voter, c’est pas Tinder, t’as pas besoin d’un match parfait, juste de quelqu’un qui t’ennuie un peu moins que les autres». 

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