Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Soixante ans ! C’est long, c’est plus que la moitié d’un siècle, c’est trois générations qui naissent et qui donnent naissance à leur tour. C’est aussi le temps qu’il fallait à M. Michel Lapalme, le pharmacien, pour qu’il décide de prendre sa retraite. Vous avez deviné : Monsieur est de ceux qui prennent leur temps. La véritable passion qu’il portait pour son métier l’a sûrement aidé à accomplir cet exploit de longévité professionnelle. Soixante ans à déchiffrer les gribouillis proverbiaux des médecins, mais surtout à prodiguer des conseils, des mises en garde, des mots d’encouragement à ses patients, comment il les appelle. Ces temps-ci, avec un système de santé débordé, il revient souvent au pharmacien de rassurer les malades, de leur indiquer la meilleure manière de consommer les médicaments qui leur ont été prescrits. En un mot, de remettre un peu (beaucoup !) de chaleur humaine et de compassion dans les rouages d’une grosse et intimidante machine.
L’homme a la blouse blanche
Plus de 70 personnes, toutes proches de M. Lapalme, ont honoré par leur présence la fête du départ à la retraite de cet homme aussi remarquable qu’infatigable. La joyeuse bande a pris d’assaut le restaurant Crescendo pour une soirée de souvenirs, d’accolades, mais aussi de projets.
Michel Lapalme a dû faire face aux nombreux défis, comme l’arrivée dans le voisinage d’un compétiteur puissant (Jean Coutu) et le départ de plusieurs médecins de la clinique.
Son long parcours a commencé par une froide (on ne risque pas de se tromper en l’affirmant) journée de février 1962, quand ses bottes ont franchi le seuil de la pharmacie du cousin de sa mère, Maurice Olivier. Il embrassait par ce geste un nouvel emploi, mais surtout une vocation. Après quatre années d’études et une autre de stage, Michel endossait pour des décennies sa blouse blanche, comme pharmacien salarié d’abord, puis comme propriétaire à partir du 1er mai 1978. Durant sa carrière, Michel a dû faire face aux nombreux défis, comme l’arrivée dans le voisinage d’un compétiteur puissant (Jean Coutu), mais aussi le départ de plusieurs médecins de la clinique qui abrite sa pharmacie (au 55 rue de l’Église) et qui lui procuraient le gros des prescriptions qu’il traitait. L’arrivée du Dr Claude Savard, suivi par d’autres médecins, a revitalisé la pharmacie. En 2005, une autre date s’est inscrite en grosses lettres dans l’histoire de l’établissement : Michel répond favorablement à une offre d’achat de sa pharmacie et redevient un pharmacien salarié, comme à son départ.
La décision d’un homme intègre
Au retour de vacances, il y a quelques semaines à peine, Michel fait un constat professionnel qui le désole et le pousse finalement vers la décision de se retirer. Le monde change, et le mode de fonctionnement des pharmacies aussi. Il y a de moins en moins de place pour le vrai contact humain avec les patients, le pharmacien est réduit à gérer les prescriptions, à modifier les dosages, éventuellement à distribuer des vaccins ou prescrire des médicaments. Cette incapacité d’exercer son métier comme il aurait souhaité le fait finalement partir à la retraite. Le jardin et la famille sauront remplir ses journées, car l’homme a toujours autant la bougeotte qu’avant. Nous finirons avec ses propres mots qui expriment avec émotion ses sentiments en ce moment tournant de sa vie :
« Je suis déçu de ne pouvoir vous dire merci de vive voix (…), mais je demeure certain des mots qui suivent : Vous avez été les meilleurs patients et les plus reconnaissants de mon professionnalisme, et c’est pourquoi j’ai toujours pris le temps nécessaire pour vous écouter et maximiser votre qualité de vie. Sincèrement, à bientôt. »