Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Le jour de l’audience est arrivé. Devant l’écran de l’ordinateur – pandémie oblige – Simon et Peggy vont devoir relater leur périple, convaincre, faire exister leur vérité. Habituellement vive et espiègle, Peggy est immobile, calme en surface mais on devine la tempête dans son cœur et sa tête. Elle prend le temps nécessaire pour répondre, consciente que chaque mot pèse, pour ou contre leur cas.
Impassible et en parfait contrôle la plupart du temps, Simon craque à la question qui remonte à l’origine de leur exil. Après quelques mots, l’émotion l’étouffe. Mais il faut continuer, il faut aller au bout du chemin qui leur a été imposé. Simon a participé à une manifestation dans son Congo d’origine. Une manifestation qui demandait des élections libres et démocratiques, chose acquise ici et souvent méprisée par les plus cyniques. Cette manifestation aurait fait huit morts, à la suite de l’intervention des forces de l’ordre complices, et surtout l’instrument du pouvoir en place. Simon enregistre les images – un crime impardonnable, avec des preuves tangibles de l’abus. Il se retrouve en prison, sans jugement, sans recours aux services d’un avocat. On veut le faire taire.
La famille rassemble autant de ressources que possible pour le faire sortir de prison. La corruption est une arme à double tranchant, un jour au service du pouvoir, le suivant contre lui. Le prix le plus élevé l’emporte toujours, et Simon retrouve sa liberté, mais la menace pèse toujours. Le temps presse, le premier pays qui répond devient la destination de leur fuite. Les voilà tous les trois, avec le jeune Adoration, dans le bidonville de Sao Paolo, en bas de l’échelle sociale.
Le commissaire n’est qu’une ombre sur l’écran. Il interroge, sans malice, sans empathie, il n’est qu’un rouage d’un système qui ne porte pas l’humain dans son centre. Peggy le déplore. Elle a été parfaite : mesurée, concise, digne. Simon aussi. Mais le doute s’installe pour les semaines qui suivent, jusqu’à la décision finale.