Texte Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
La mondialisation semble être l’un de ces concepts qui échappent à une définition précise. Il partage et divise, embrase les cœurs, et se trouve autant dénoncé qu’applaudi. Il se manifeste dans tous les domaines, mais c’est son volet économique qui attire le plus d’attention et rime pour beaucoup avec exploitation et carrément le néocolonialisme. Comme nous le savons, la réalité est toujours plus complexe. Outre les biens et les ressources matérielles, la mondialisation permet également aux idées de voyager, et c’est de cet aspect que nous allons parler aujourd’hui, avec un exemple bien concret.
Au mois de juin, Sophie Morissette, policière au poste 16 de SPVM à Verdun, partira pour l’Afrique dans le cadre d’une mission de paix chapeautée par l’Organisation des Nations Unies. Elle se rendra pour un an dans la République démocratique du Congo pour se joindre aux Casques bleus et autres observateurs et conseillers internationaux qui s’efforcent d’établir et maintenir la paix sur place.
Après huit mois d’attente ponctuée par les tests, les évaluations et les formations spécifiques (notamment à la problématique des agressions sexuelles), Sophie a été sélectionnée parmi plusieurs candidats canadiens. C’est un honneur, mais aussi une responsabilité, que Sophie accepte d’assumer. Son parcours des vingt dernières années et ses prédispositions personnelles lui permettent d’envisager ce nouveau défi avec confiance.
Les agressions sexuelles
ont acquis au Congo
le statut d’un moyen de répression contre
la population civile.
Après 13 comme agent patrouilleur, Sophie a décidé de suivre sa vraie vocation, qui est d’aider les autres d’une manière durable. Elle devient alors, sur sa demande et grâce à son ancienneté, une agente sociocommunautaire au sein de SPVM à Verdun, une parmi 87 autres. Son mandat : créer des liens entre les différents acteurs de la vie communautaire de Verdun, pour offrir le meilleur service à la population. Elle apprend vite que Verdun est en fait un petit village tissé serré où les valeurs de l’entraide sont omniprésentes. Sophie acquiert de nouvelles compétences et découvre son talent inné à bâtir les liens de confiance avec ses concitoyens. À partir du mois de juin, elle mettra en pratique son savoir-faire au Congo, dans un contexte culturel différent.
Les agressions sexuelles ont acquis au Congo un statut particulier, celui d’une tactique de guerre, d’un moyen de répression contre la population civile. L’ampleur du problème exige et justifie la présence des Casques bleus, mais elle seule ne suffit pas à enrayer ni même à freiner ce phénomène – d’autres personnes-ressources doivent jumeler leurs forces et compétences.
Le long processus de sélection a été nécessaire pour choisir les meilleures personnes mais aussi pour raffermir leur motivation propre. Sophie laisse au pays sa fille, sa famille et son travail pour une longue année sous des cieux tropicaux, dans un contexte d’insécurité et des valeurs morales différentes. Jeune, Sophie avait un rêve de devenir comédienne, de se tenir sur une scène et de tisser avec son public des liens uniques. Son travail actuel comporte un élément de ça, grâce aux interventions dans les écoles et autres établissements, pour sensibiliser le public à la spécificité des crimes sexuels, entre autres. Nous accueillerons Sophie à son retour pour faire un bilan de son année congolaise, tant au niveau professionnel qu’humain.