Texte Ahmed Chetioui
À la Maison L’Étincelle, nous avons fait de la continuité des soins, notre principal objectif. La résidence, en ouvrant un étage réservé aux aînés en perte d’autonomie sévère qui dépasse l’offre de soins des RPA, offre des services d’accompagnement et ce, durant toute la durée de leur séjour dans cette unité. Nous offrons des soins palliatifs dont le but premier, lorsqu’ils sont requis, est le soulagement de la souffrance, peu importe sa nature, et avec l’aide de l’équipe des soins palliatifs du SAD de Verdun à leur tête Dr Evelyne Gaillardetz. Ces soins sont prodigués par notre équipe soignante.
Mais il arrive que des résidents souhaitant abréger leurs souffrances, qui deviennent difficiles à suivre (lire insupportables), demandent l’aide médicale à mourir. Mais une alternative est offerte et, pour la première fois à la maison l’Étincelle, a été proposée : il s’agit de « la Sédation Palliative », car en fin de vie, il existe parfois des situations cliniques d’extrême souffrance ou de détresse. Malgré des soins palliatifs de qualité, ces situations rares demeurent difficiles à soulager. La sédation palliative peut alors devenir un choix pertinent.
La sédation palliative consiste à utiliser des médicaments sédatifs pour soulager des symptômes réfractaires, en abaissant le niveau de conscience, de façon continue, jusqu’au décès. L’intensité des symptômes peut être telle que la communication devient impossible ; le malade étant envahi par la souffrance. Parfois, les symptômes ne peuvent être traités adéquatement sans que l’on altère l’état de conscience de la personne malade. En d’autres mots, le seul moyen d’atteindre un état de confort consiste parfois à plonger le malade dans le sommeil à l’aide de moyens pharmacologiques. C’est un soin encadré par la Loi concernant les soins de fin de vie.
Les symptômes de types réfractaires doivent absolument être présents pour envisager la sédation palliative. Ce recours demeure donc une pratique d’exception, utilisée lorsque les traitements habituellement recommandés ont échoué à produire un soulagement adéquat. Les symptômes sont associés à une souffrance intolérable, qui peut être de nature physique, psychologique, existentielle ou spirituelle. La décision de recourir à la sédation palliative repose sur le caractère à la fois réfractaire et intolérable des symptômes et sur l’impossibilité de parvenir à un soulagement approprié dans un délai acceptable à l’aide des modalités thérapeutiques standards.
Le caractère terminal de la condition médicale constitue l’autre condition exigée pour pouvoir recourir à la sédation palliative, cette condition fait l’objet d’une évaluation médicale et surtout d’une concertation et de la recherche du consentement éclairé de la personne malade.
Dans la sédation, il doit exister une indication claire, c’est-à-dire la présence d’un symptôme de tel ou tel type. Par ailleurs, les produits et les doses utilisés sont régulièrement ajustés en fonction de la réponse du patient face à la souffrance induite par le symptôme, ce qui implique une évaluation continue, eu égard tant à l’indication qu’au traitement.
Contrairement, dans le cadre de l’aide médicale à mourir, les produits et les doses utilisés garantissent une mort rapide.
En définitive, la sédation terminale apparaît comme un indicateur d’une mort imminente et non comme la cause d’une mort prématurée. La responsabilité morale de l’équipe soignante s’attache au processus de prise de décision pour soulager la souffrance, et non au résultat des interventions en termes de vie ou de mort. Autrement dit, l’aide médicale à mourir et la sédation terminale s’achèvent certes l’une et l’autre dans la mort du patient, mais le processus de décision marque la différence éthique entre ces deux formes d’accompagnement médical jusque dans la mort.