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Samedi, 25 janvier 2025

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Santé: le concept de fragilité en gériatrie

Texte Ahmed Chetioui

La fragilité des personnes âgées est une notion biomédicale développée en Amérique du Nord (Hogan et al., 2003), puis reprise dans les autres pays industrialisés. Principalement fondés sur des recherches en épidémiologie (clinique et sociale), les travaux sur la fragilité commencent à fournir des instruments qui pourraient permettre de poser un diagnostic clinique de la fragilité. Des programmes de prévention primaire (Drey et al., 2011) et secondaire (Fairhall al, 2008) apparaissent également.

La fragilité est présentée comme un état d’équilibre instable entre deux bornes qualifiées de façon variable selon les auteurs : par exemple « la fragilité décrit précisément un état d’équilibre précaire avec un risque de déstabilisation, une sorte d’état intermédiaire entre la robustesse et la dépendance » (Piette et Boumendil, 2009). Cet état d’équilibre précaire peut être situé de façon plus large entre la bonne santé et la maladie, l’autonomie (mentale) et sa disparition, l’indépendance (physique) et sa perte, l’existence de ressources et leur épuisement, la présence d’un entourage affectif ou aidant et le total isolement (Michel et al., 2002).

La fragilité est aussi caractérisée comme un risque : par exemple, « le risque pour une personne âgée, à un moment donné de sa vie, de développer ou d’aggraver des limitations fonctionnelles ou des incapacités, étant donné les effets combinés de déficiences et de facteurs modulateurs » (Lebel et al., 1999).

Par conséquent, le mot « fragilité » est un terme courant dans la vie de tous les jours. Mais en gériatrie il prend un sens tout particulier pour les scientifiques. Sont considérées comme fragiles les personnes âgées vulnérables d’un point de vue médical et social. Ces personnes âgées sont en proie à des risques, dans un avenir plus ou moins proche : celui d’un déclin fonctionnel, de chutes, de fractures ou d’hospitalisations conduisant à la dépendance. L’enjeu de la discipline gériatrique est d’en prévenir le risque en limitant le nombre de personnes fragiles. Le dépistage et la prise en charge de cet état de prédépendance est une priorité de santé publique.

Pendant longtemps le médecin donnait ordres et conseils relatifs à l’alimentation, aux comportements, etc. Maintenant, la relation s’est modifiée : elle repose sur un mode participatif. Il faut demander au patient quel est son objectif et comment l’accompagner pour qu’il continue à faire ce qui est important pour lui (par exemple : conduire, rester chez soi, etc.). Le rôle du gériatre s’en trouve enrichi : il va personnaliser la pratique de sa médecine au patient. Grâce à des indicateurs très précis, il va être en mesure de dépister très tôt une personne âgée, en perte d’autonomie, et lui proposer une médecine adaptée pour lui permettre de vieillir dans les meilleures conditions.

Le but est que chez tout individu, dès l’âge de 55-60 ans, soit dépisté un état de fragilité. Pour cela, deux étapes : la 1ere, un outil très simple pouvant être réalisé par tout professionnel de santé consiste à mesurer les 5 capacités intrinsèques déterminantes : la mobilité, la vitalité, la capacité neurosensorielle (la vue et l’ouïe), le bien-être psycho-social, la cognition (orientation temporelle et mémoire) et la locomotion (vitesse de marche).

Dès qu’une capacité intrinsèque décline ou fait défaut un signal d’alerte, avec appréciation précise, est lancé. S’enclenche alors la 2e étape avec la mise en place d’un plan de soin adapté et personnalisé après avoir identifié grâce à la médecine de précision les causes de cette perte des capacités intrinsèques.

Pour conclure un sujet aussi vaste, il me faudrait plusieurs pages, le tout est de comprendre qu’en gériatrie, nous ne pouvons résumer le patient âgée selon une seule pathologie ou atteinte organique, cette discipline médicale nous apprend a prendre en charge un être dans sa globalité, bio psycho-social, et surtout de détecter assez tôt, le risque de dépendance et de perte de son autonomie.

Source OMS – Le droit de vieillir en bonne santé. « Who – Guidelines on Integrated Care for Older People ».

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