Texte Marek Zielinski
Recherche Luz Garcia de Zielinski
Photo : Daniel Rochon
En cette belle matinée d’automne, il y avait autour de notre table plus d’une demi-douzaine de visages. Deux parmi ceux-là nous appartenaient, les autres étaient l’œuvre de Samuel Rancourt, notre interlocuteur. Ce n’est pas parce qu’il faisait des grimaces, oh non ! Je ne dirai pas qu’il est trop sage pour ça, car il déborde d’espièglerie et d’énergie juvénile, mais il dispose d’autres moyens pour peupler l’espace : il peint.

Cette passion remonte à assez loin et a été inspirée par l’une de ses grand-mères, Hélèna Vachon, « une femme extraordinaire » — comme la décrit Samuel — « entrepreneuse beauceronne, l’une de premières à conduire un véhicule à St-Georges-de-Beauce, et une artiste accomplie qui s’est mise à la peinture dans la soixantaine ». Dans la famille de Samuel, les vocations sont tardives, mais durables : l’autre grand-mère, Thérèse Beaudoin, découvre la danse à 50 ans passés et gagne plusieurs prix avec son mari Léo. Côté inspiration, Samuel est gâté, et il est le premier à l’admettre.
Raconter et rencontrer
Doté d’une éloquence exceptionnelle, Samuel a décidé de la mettre à l’œuvre pour assouvir sa soif du monde : il devient journaliste, après s’être dûment préparé à l’Université Concordia. Quand il fait quelque chose, il le fait à fond — c’est un trait de caractère qu’il affiche dans tout ce qu’il entreprend.
Les obstacles le stimulent et il déploie toute sa créativité pour les aplanir. Il décroche un emploi à Radio-Canada, à Vancouver d’abord, à Edmonton ensuite pour finalement finir pour six ans à Winnipeg. « Quelles belles années, quelle belle ville » — s’exclame Samuel en évoquant les plages quasi désertes des environs de la ville, elle-même offrant une grande diversité et multiculturalisme — ce qui n’exclut pas une saine dose de fierté de sa propre culture.
Durant ces années, il conçoit, produit et présente plusieurs épisodes de sa série (Le savais-tu ? lien), qui nous enseigne tout en nous amusant sur des faits curieux et inédits, par exemple, une hypothèse sur une inspiration manitobaine derrière le personnage de James Bond ou l’importance de la diaspora philippine à Winnipeg.
Retour aux pinceaux, et plus !
En 2018, Samuel reprend ses pinceaux — le désir de créer et surtout de diversifier son expression artistique est trop grand. Son thème de prédilection : le visage humain, ce paysage inépuisable. À l’origine, une rencontre au Pérou avec une femme au visage si extraordinaire que Samuel ne peut résister à l’envie de le préserver sur une toile.
Depuis, ces portraits se multiplient, et nous en avons eu un aperçu autour de la table du café. Pour les faire connaître, Samuel a l’idée de créer un vernissage virtuel en musique, avec de la danse et du théâtre (suivez le lien ci-dessous). À cette occasion, la musique et l’audiovisuel entrent dans sa vie — il écrit, produit et tourne trois courts-métrages, dans lesquels il joue également.
Son physique avantageux, ou, comme on disait à Versailles, sa belle gueule qu’on ne se lasse pas de regarder, couplée avec sa créativité à fleur de peau, lui promettent une belle carrière (une de plus !) dans ce milieu. Ses productions ont été sélectionnées dans plusieurs festivals prestigieux, et ce n’est qu’un prélude, car l’écriture d’un long-métrage est déjà en cours — vous avez compris, Samuel est un fonceur. L’audiovisuel lui offre la possibilité de l’interaction avec d’autres créateurs, tout le contraire de la peinture, qui appelle à la solitude et l’exploration intérieure.
Parmi ses peintres préférés, Samuel cite Carlos Federico Sáez, un portraitiste de l’Uruguay, découvert lors d’un voyage à Montevideo. « J’admire profondément sa technique et la sensibilité qui se dégage de ses portraits » — précise Samuel. « Ses personnages, leurs vêtements du XIXᵉ siècle, tout semble respirer la vie et la fragilité du temps ». En fier Verdunois depuis plusieurs années déjà, Samuel a réalisé Le fruit du temps, une toile qui a participé à l’exposition pour célébrer le 150e anniversaire de notre arrondissement. Je vous invite à suivre les liens ci-dessous pour tomber, vous aussi, sous le charme de cet insatiable créateur.


