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Mercredi, 11 septembre 2024

Marc Daoust – Bien en poste dans les coulisses de la culture

Texte et photos Michel Cusson

À 17 ans, Marc Daoust était déjà à l’emploi de la ville de Verdun, en poste à la billetterie de l’Auditorium. C’est précisément entre les murs de l’amphithéâtre qu’il est baigné par les arts de la scène en assistant à la performance de nombreux groupes musicaux tels que Depeche Mode, INXS, The Cranberries, Billy Idol et Midnight Oil.

Au moment d’opter pour un choix de carrière, il se rappelle avoir été attiré par un programme nommé Technique scénique enseigné au Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. 

« C’est ce qui s’apparentait le plus à ce que je voulais faire. »

Il hésite et opte plutôt pour un parcours qui lui permettra de compléter un Baccalauréat en recherche et animation culturel de L’UQAM tout en continuant d’être à l’emploi de la ville. Il sera entre autres, préposé à l’accueil du Centre Marcel-Giroux et même concierge jusqu’à ce qu’il obtienne un poste permanent à la bibliothèque du Centre culturel en 1993.

En 1999, Marc montre de l’intérêt pour un poste d’agent de soutien à la culture. Son expérience cumulée, ses connaissances du milieu et son ancienneté lui permettent de se démarquer des autres candidats. Dès lors, débute l’aventure fascinante d’un long voyage dans le monde culturel.

Entouré de Nancy Raymond et de Maxime Doyer, Marc réalise qu’ils sont trois jeunots qui regorgent de créativité dans un environnement où tout peut être inventé.

« J’ai créé mon poste dans des conditions plus que favorables en compagnie de Nancy et Maxime. La source primaire de ma formation en tant que créatif et intuitif réside dans le fait d’avoir tenté des expériences artistiques dans un environnement permissif et sans la crainte de l’échec. »

Au début des années 2000, l’offre culturelle  locale se démarque par trois événements : les Vendredi Blues, le Son et Brioche dominical et les concerts de l’Orchestre Métropolitain qui prennent place à l’église ND7D. Depuis, elle n’a cessé de se bonifier.

En 2002, la municipalité de Verdun devient un arrondissement de la ville de Montréal. Si certains appréhendent le pire, Marc et ses collègues voient grandement un avantage à joindre le réseau des maisons de la culture.

À la même époque, sans même le savoir, il expérimente un balbutiement de ce qu’on nomme aujourd’hui la médiation. Il organise Les conférences puce où les jeunes sont mis en contact avec des artistes. C’est ainsi que le sculpteur Armand Vaillancourt et le créateur de l’Évangile en papier Claude Lafortune ont été de passage à Verdun pour partager leur passion créative. Marc récidive quelques années plus tard en proposant un projet  de médiation Théâtre à l’école en partenariat avec la compagnie La Simagrée d’Isabelle Gingras. Destiné aux jeunes, le processus de création couvre les différentes étapes de production allant de l’idéation, à la construction des décors jusqu’à l’émission du communiqué de presse. Mené à bon port, le projet fait grand bruit et attire l’attention des médias tels que Le Devoir et La Presse.

De gauche à droite, Anne-Marie Belleau, cheffe de section, Maxime Doyer, directeur technique, Isabelle Lessard, responsable des programmes éducatifs. En haut, Karine Larivée, assistante aux événements culturels, en bas, Geneviève Massé, assistante aux événements culturels et Christian André, préposé à la billetterie. 
Annie Turcotte, agente de développement culturel et Stéphanie Francescutti, coordinatrice des expositions étaient absentes lors de la prise de vue.

Un bateau amiral nommé Quai 5160

En 2017, l’ancien aréna Guy-Gagnon devient la Maison de la culture de Verdun. C’est en scrutant la berge du fleuve et en se remémorant les nombreux petits quais du Verdun Motor Boat Club que Marc est inspiré. Il propose ainsi l’appellation « Quai » qu’on retiendra en y accolant l’adresse 5160. 

« Dans ce concept du quai, il y a les citoyens qui viennent et les projets qui vont vers la communauté. »

Le complexe constitué d’un atrium, d’un théâtre de 300 sièges, d’une salle d’exposition et d’une salle de médiation est devenu un bateau amiral plus important à mener où l’équipage est passé de trois à quinze personnes et où le travail est réalisé dans le pur plaisir. En étant maison de la culture, le mandat se précise autour de quatre thématiques représentées par l’acronyme MIDI : médiation (la rencontre entre le citoyen, l’artiste et son travail créatif), incubation (l’artiste en résidence qui peaufine son œuvre scénique), diffusion (le spectacle ou l’exposition sous la forme la plus simple) et l’implication citoyenne.

Le travail d’agent culturel de Marc, assisté de façon remarquable par Geneviève Massé, consiste à programmer près de 130 cases-événements, douze mois à l’avance. Pour ce faire, il traite annuellement jusqu’à 3000 propositions artistiques via son adresse courriel. Il peut compter également sur le Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis (RIDEAU), un salon qui se tient à la mi-février et qui s’avère un feu roulant d’échanges, de discussions entre les membres du milieu. Le Conseil des arts de Montréal propose également une offre artistique en danse, théâtre, cirque, musique, art numérique et art visuel.

À l’extérieur des heures de travail Marc avoue être aux aguets des propositions artistiques dont il est témoin. Sauf que, ce n’est aucunement envahissant, c’est plutôt comme une seconde nature.

« Je me considère comme un entremetteur. Mon rôle
est de créer un lien entre deux entités, le public et l’artiste.

Dès lors,  il ne me reste plus qu’à me retirer en coulisse et d’éprouver une grande satisfaction d’avoir initié la rencontre. »

Son mot d’ordre se résume par Le bon spectacle, au bon endroit, au bon moment. Marc a développé une expertise pour percevoir le potentiel du succès d’un événement dans des conditions parfaites. Il donne l’exemple du spectacle Kind of Blue Hommage à Miles Davis présenté au parc West Vancouver il y a quelques années. La disposition de la scène dans le parc, la météo clémente, l’écoute du public, la virtuosité des musiciens ont fait de l’événement un moment fabuleux et surtout mémorable pour tous.

Marc confirme que la taille de l’amphithéâtre du Quai 5160 lui permet  presqu’à chaque fois de réunir les conditions qui font d’un spectacle un moment où la magie opère.

La culture, un vecteur de transformation sociale

L’avènement du Quai 5160 a permis à des artistes de l’arrondissement de se manifester. Ils ont été rencontrés et plusieurs projets se sont concrétisés. L’an passé sur onze artistes en résidences, sept habitaient Verdun.

« En tant que diffuseur local, nous sommes plus à l’écoute de la réalité de l’arrondissement et aux forces vives artistiques. »

Marc et ses collègues du Quai 5160 réalisent un travail dans le pur plaisir.

Ouverture à l’autochtonie

En précisant comment l’art autochtone est omniprésent depuis l’inauguration du Quai 5160, Marc nomme des artistes qui ont fait et feront vibrer les citoyens par leurs œuvres. Parmi ceux-ci : Nico Williams, Meky Ottawa ainsi que Barbara Diabo et Amrita Choudhury (une résidente de l’Île-des-Sœurs) du spectacle Honorer nos histoires: Shakti Rising. De cette allusion aux créations autochtones, Marc partage son plaisir de lire les écrits de Serge Bouchard réunis dans la série De remarquables oubliés.

En fin de rencontre Marc Daoust se remémore comment le projet du Quai 5160 a rencontré son lot de réticence. Il est reconnaissant envers Jean-François Parenteau qui, un jour, a relancé l’idée d’une maison de la culture verdunoise qui aurait pignon sur rue. Ainsi, pour minimiser les coûts, le plafond surélevé de la salle de spectacle des plans d’origine a été abandonné. Depuis, les productions s’y sont ajustées et personne ne regrette cette décision, surtout pas Marc, qui est bien en poste dans les coulisses de la culture. 

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