Texte Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Récemment, nous avons évoqué l’Afrique dans nos colonnes, sous des angles différents. Heureuse coïncidence, le 25 mai, le monde célèbre la journée internationale de ce continent si proche et si lointain, simultanément. La date à été choisie pour souligner la signature des accords qu’on considère comme le début de la décolonisation, en 1963. Soixante ans plus tard, qu’en est-il de ce beau, grand rêve qu’est l’Afrique?
Une Afrique multiple
Pour parler le mieux de l’Afrique, il faut parler des Africains. C’est à travers eux qu’on peut lever un coin du voile du mystère qui entoure encore ce vaste continent. J’ai eu la chance de travailler durant des années avec des Africains. Déjà, un Africain n’est pas monolithique. Il y a autant de différences entre eux qu’il peut en avoir entre un Suédois et un Italien, en Europe. La reconnaissance de cette diversité est le premier pas pour aborder l’Afrique. L’Afrique traditionnelle, avec une savane à perte de vue, ou alors une jungle dense et impénétrable, ou encore des dunes de sable, a marqué profondément notre imaginaire. Pourtant, à l’autre bout du spectre, l’Afrique comporte plusieurs villes parmi les plus peuplées du monde (Le Caire, Lagos, Kinshasa, Abidjan, etc. – un petit googlage révèle les panoramas urbains modernes époustouflants).
Une fratrie du cœur
Si je parle de la chance d’avoir côtoyé des Africains, c’est parce que j’arrivais d’un pays où la présence de minorités visibles a été minime – et me voilà, entouré de toute une diaspora africaine. Soudain, j’ai eu une dizaine des frères – et la chose à savoir est qu’un Africain ne plaisante pas quand il vous appelle « mon frère » : la fraternité est dans leur sang. Parmi mes nouveaux frères, un s’est distingué dès le départ : à peine plus âgé que moi, mais d’une maturité incomparable à la mienne. Mon frère Konaté; la sagesse, la noblesse et le courage faits homme. Un homme de parole, qui était sacré pour lui, et un homme d’action – aucun travail ni défi ne lui résistait. Par un concours de circonstances inexplicable, il s’est retrouvé sous des cieux de France, tellement moins cléments que ceux de son Sénégal d’origine. Il avait un but, un objectif qui le motivait tous les jours : relancer la ferme familiale. Il lui fallait des ressources pour cela, et il suait sang et eau pour parvenir à en avoir. Il en savait sur la terre, mon cher Konaté! Un cultivateur-philosophe, à qui la terre confiait ses secrets, en échange des soins qu’il lui prodiguait.
L’heure du réveil s’approche
Après celui de l’Asie, nous attendons le réveil de l’Afrique. Il a déjà commencé dans certaines régions – le Rwanda qui, après une traversée de l’enfer, est devenue une référence pour ses voisins – mais le réveil global reste à venir. La stabilité politique est un prérequis pour que l’Afrique trouve sa place dans l’économie mondiale. Le plus grand défi me semble être la conciliation de la modernité, déjà en marche, et la tradition, qui est un ciment social essentiel. L’exemple de mon frère Konaté est porteur d’espoir : il étudiait le jour l’agriculture et passait son permis de conduire ; et la nuit, au travail, il me contait les histoires de sa famille, qui inclut les crocodiles du fleuve voisin, tous des réincarnations de ses ancêtres et qui assurent la protection du village.
Pour illustrer cet article, nous avons pu bénéficier de l’aimable participation d’un photographe verdunois, un grand (dans tous les sens du terme – il doit mesurer dans le six pieds, deux pouces (1m89), amoureux de l’Afrique, M. Marc-Aurèle Marsan. Merci !