Chronique Patrimoine et Histoire
Bien avant nous, il y a plus ou moins 4000 années avant notre ère (l’époque archaïque), des humains foulèrent pour la première fois ce qui est aujourd’hui L’Île-des-Sœurs.
Un texte de Marcel Barthe
Ces populations croisèrent des Européens ici autour de plus ou moins 5500 ans plus tard (1500 – 1600 de notre ère).
Mais comment peut-on affirmer que des membres des Premières Nations arpentèrent et occupèrent l’île ?
Au cours de diverses fouilles archéologiques, dont celles commandées par le gouvernement fédéral, dans le contexte de la construction envisagée des deux ponts Champlain successifs (1962 et 2019), cette hypothèse fut confirmée.
Deux sites archéologiques furent mis à jour. Le premier (1 – BiFj-1) situé sur la bordure nord de la pile principale du nouveau pont et sous le nouveau tracé du boulevard René-Lévesque. Les travaux confirmèrent l’occupation préhistorique sur l’île jusqu’à la rencontre avec les Européens. En octobre 1995, la sépulture d’une jeune personne (âgée de plus ou moins six ans) autochtone datant approximativement de 1300 ans avant notre ère (Sylvicole supérieur) fut découverte, au deuxième site, à mi-chemin entre les piliers du nouveau pont et le parc de l’Esplanade à proximité de l’actuelle piste cyclable (2 -BiFj-49). Les vestiges n’ont pas permis d’y associer des artefacts funéraires.
Les spécialistes estiment qu’il n’y a pas eu d’occupation permanente sur l’île, mais plutôt un lieu d’occupation pour de nombreux, mais courts séjours, notamment pour des activités de chasse et de pêche.
D’autres artefacts furent trouvés à L’Île-des-Sœurs, dont des pointes de flèche et une pièce de poterie (photos).
Le 3 juillet 1603, Samuel de Champlain mentionne l’île, qu’il croise sur son chemin jusqu’au « Grand Saut » qui stoppera net son excursion vers l’ouest, comme tous ses prédécesseurs européens. Ce ne sera que le 13 juin 1611 qu’il réussira à remonter les rapides (qu’il nommera le Saut Saint-Louis) avec l’aide soutenue de 200 Hurons (famille des Iroquoiens) et Algonquins. Cet exploit aurait été impossible sans la collaboration des autochtones.
La présence des Premières Nations à L’Île-des-Sœurs bien avant la période dite de « la Nouvelle-France » s’avère incontestable.
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1] Ethnoscop, 1997, annexe 5 : 4. 16-18 et annexe 6.
2] Toutes photos de cet article proviennent des rapports sur ces travaux et d’Ethnoscop (1995, 2015) et les artefacts sont entreposées (sauf le crâne de la jeune autochtone) à la réserve archéologique de la Ville de Montréal.