Lettres aux lecteurs
« Je vais marcher régulièrement le long du fleuve, toujours avec une joie renouvelée. Je suis émerveillée par la majesté du fleuve, les subtilités des changements de la nature, la présence bienveillante de nos arbres ainsi que celle de tous ces oiseaux qui les peuplent.
Nous sommes privilégiés à Verdun de pouvoir fréquenter cet espace magique le long du fleuve.
Mes pas me conduisent souvent vers notre ancien boardwalk. Celui-ci exerce une attirance particulière imprégnée de nostalgie. Durant mon adolescence, rue Gordon, le boardwalk était le chemin du Natatorium, le lieu de rencontre avec les garçons ou de promenades solitaires. Toute activité et sortie de la maison était observée par les voisins. Le fleuve représentait un espace de liberté prisé. On allait au fleuve.
« Le fleuve » est toujours aujourd’hui un magnifique parc pour la détente et les loisirs ; c’est également un espace ancré dans l’histoire de Verdun. Les colonnes de pierre qui bordent le chemin tout le long lui confèrent encore aujourd’hui un certain charme. Dans le silence, elles témoignent d’une longue histoire.
M. Normand Houle, dans son récent article intitulé « Toute une histoire », nous informe que l’origine du boardwalk se situerait après 1938. Le projet de boardwalk faisait suite aux grands travaux de remblayage rendus nécessaires pour préserver les rives des ravages causées par les inondations.
Les élus de cette autre époque avaient imaginé rendre le fleuve accessible à leurs concitoyens et construisirent alors le boardwalk, une promenade ayant fière allure avec ses imposantes colonnes de granit. Aujourd’hui, ces nobles et modestes pilastres portent les marques de l’usure du temps. Malgré la solidité de leur structure, elles montrent de nombreuses fractures.
L’abandon de leur entretien laisse à penser qu’elles inspirent peu d’intérêt et nulle reconnaissance de leur valeur patrimoniale. Elles sont là, ignorées, en attente de disparaître. Lors de mes promenades, je ne puis que constater leur piètre état. Cela m’afflige et m’indigne.
Voulons-nous continuer le laisser faire et condamner ces colonnes de pierre à la ruine pour donner une allure dépouillée moderne et vide de sens à ce chemin de promenade ?
Tout comme on a su, avec courage et inventivité, donner un souffle nouveau et un prestige inattendu à la rue Wellington – « la rue la plus cool du monde », pouvons-nous espérer que cette réflexion suscite l’intérêt qui permette la mobilisation des énergies pour développer quelque projet audacieux.
On pourrait ainsi offrir à notre communauté un savoir sur la riche histoire de la conquête des berges du fleuve et celle du boardwalk et ses colonnes de pierre, pour lui redonner tout son sens, son héritage.
Lisette Tardy, artiste peintre, le 22 janvier