Par Marek Zielinski
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Aujourd’hui, je me gâte! Nous allons parler de l’écriture. Celle qui est proche de la vie, qui s’en inspire, qui l’accompagne, et qui l’altère parfois.
La belle occasion nous est fournie par le roman de Nicole Richard, La ligne brisée, aux éditions L’instant même, sorti au printemps 2021.
Originaire de Verdun et y demeurant toujours, Mme Richard est détentrice d’une maîtrise en littérature. Son aventure en écriture commence par un livre de poésie, très bien reçu car il a été finaliste pour le prix Émile-Nelligan. Un recueil de nouvelles, Intra-muros, suit en 2006, puis vient la consécration, le roman L’étincelle, coup de cœur de la rentrée littéraire à Paris en automne 2018. La ligne brisée retrouve Eugénie, le personnage du roman précédant, pour l’accompagner dans ses efforts pour s’affranchir du poids de la famille et de la société, pour se définir.
Tout au long de ses 35 ans passés comme enseignante au primaire, Nicole Richard est restée fidèle à l’écriture et a bâti une œuvre solide et diversifiée. Chez certains, ce désir de créer devient une fonction vitale, indissociable de leur être. C’est aussi le seul moyen de rester dans la vérité.
Chaque œuvre littéraire crée ses prédécesseurs. Une famille de lettres se constitue, unie par la thématique, les enjeux, le langage. Cette communauté d’esprit qui se forge est un contrepoids à la solitude de la création. Nicole Richard puise son inspiration chez les auteurs aussi différents que Rilke, Beckett ou encore Annie Ernaux, une écrivaine à découvrir, militante et figure par excellence de l’intellectuelle engagée, en phase avec son époque et ses enjeux et qui parle justement de l’écriture comme d’un lieu vrai, sans dérobades ni esquives. Une autre ombre, ou plutôt une lumière, plane discrètement au-dessus de l’écriture de Nicole Richard – celle de Nelly Arcand. Même urgence, même intensité, mais enrichies par la conscience du temps qui passe – ce temps qui a si cruellement manqué à Nelly Arcand, partie trop vite.
Le récit prend parfois des allures d’autoportrait. Il donne aux auteurs un ancrage dans la vérité, et une distanciation nécessaire pour jeter un regard profond sur la condition humaine. Les personnages qui illuminent les pages de romans de Nicole Richard sont faits de chair et des os, mais aussi de poésie, de la folie même – un peu comme nous tous.
Pour la rubrique Chapeau aux gens et aux lieux de ma communauté