Texte Carole Pelletier
C’est ainsi qu’Hélène Villeneuve accueille la collaboratrice d’Explore. Bientôt 79 ans, à la retraite depuis l’âge de 60 ans, elle a une belle idée à nous raconter.
Originaire de Québec, Hélène entreprend sa carrière chez Bell dans la capitale. Puis, c’est l’Exposition universelle de Montréal qui lui ouvre ses horizons ; elle demande un transfert dans la métropole et, comme dans toute vie, il y a des changements à faire, parfois heureux parfois moins. Il y a des occasions qu’on choisit de saisir comme celle d’aller vivre aux États-Unis – Ah ! pour l’amour, que ne ferions-nous pas ? Elle y vivra 16 ans dont neuf à Washington DC où elle travaillera à l’ambassade du Canada… à vendre le Canada aux Américains. Et puis, à 40 ans, Hélène fait un bilan. Où vivre : au Canada ou aux États-Unis ? Quels sont les pour et les contre ? Le Canada l’emporte haut la main. En 1986, c’est donc un retour à Montréal, et plus précisément à L’Île-des-Sœurs où elle vit depuis 34 ans. Et le travail se poursuit en sol canadien jusqu’au jour où sonne la retraite.
« Que puis-je faire? »
C’est la question qu’Hélène se pose. Le bénévolat ? Elle se considère privilégiée et a envie de s’impliquer. Elle commence donc à travailler à la banque alimentaire de la Société de la Saint-Vincent-de-Paul de Verdun. Elle réalise que, s’il y a une Guignolée à Verdun, il n’y en a pas à L’Île-des-Sœurs.
« Je l’aime mon Île! Et les besoins sont grands là aussi. »
Elle prend donc les choses en main, dresse 14 itinéraires pour « canevasser » l’Île, recrute 14 équipes de bénévoles, soit un chauffeur et un sonneur pour le porte-à-porte. Mais l’approche disparaîtra avec la pandémie.
Il y aussi la cueillette aux intersections, efficace mais abandonnée pour des raisons de sécurité.
Elle contacte les gestionnaires d’immeubles et les convainc de l’importance de s’engager. Ceux-ci se tournent vers leur conseil d’administration et bientôt, il y a 63 tours d’habitation qui décident de contribuer à la collecte des provisions. Il y a aussi les commerces comme les magasins d’alimentation et les pharmacies qui font leur part. Certains demandent même plusieurs boîtes.
« Savez-vous que la Guignolée contribue à quatre à six mois d’approvisionnement de la Banque alimentaire ? L’impact est énorme ! » me dit fièrement Hélène.
Imaginez : 17 ans de Guignolée, du temps plein de septembre à décembre. La tournée commence avec ces gestionnaires qui sont devenus des complices de cette bonne œuvre et se termine avec la cueillette des dernières boîtes un peu avant Noël. Un facteur clé dans cette histoire est l’équipe des bénévoles qui rendent l’opération possible et qui a besoin d’être remise en mouvement chaque année. Il y a ceux qui n’y sont que pour un an et il y a les fidèles sur lesquels on peut compter année après année.
C’est avec fierté qu’Hélène me présente Joëlle Lemire, une irréductible de la Guignolée de L’Île, l’alliée d’Hélène depuis 15 ans. Originaire de McMasterville, dans les Guides pendant plusieurs années, elle et son conjoint sont venus s’établir à l’Île pour y élever leur famille de quatre enfants. Et tous les ans, c’est avec bonheur qu’on accueille le coup de fil qui déclenche le branle-bas de combat. Pour Joëlle, le bénévolat doit se faire en famille. « On a tous hâte de s’y mettre, les enfants les premiers. C’est important la communauté : ce qu’on demande aux voisins retourne aux voisins. C’est prendre soin des autres », me dit Joëlle.
Quand on voit Hélène et Joëlle ensemble, on sent bien que l’amitié s’est forgée au fil des campagnes. C’est souvent aussi une des primes du bénévolat. En plus de donner un sens à la vie, il apporte souvent le contact humain, le plaisir de réaliser des choses, de contribuer à quelque chose qui nous dépasse.
La semaine du 16 au 22 avril est consacrée à la 49e édition de l’action bénévole. Le thème de cette année : « Bénévolons à l’unisson. » La question à se poser pour chacun d’entre nous est : « Pourquoi ne pas donner un coup de main ? »