Le billet de Jean-Guy Marceau
C’est parti ! Depuis quelques jours, Nez rouge est en activité. Des centaines de bénévoles sont déguisés en anges gardiens. Noël est à nos portes avec son lot de réunions, de party et de dîners d’affaires encore arrosés d’alcool. Les choses ont quand même changé depuis les années ‘90. Mais il y a encore des ratés.
Hier soir, c’était le party de bureau de Claude, un bon verdunois dynamique et jovial. Une fête des plus réussies. Près de cent personnes allumées et tellement prêtes à célébrer l’année 2023. Il arrive à la salle de réception, frais comme le pain du mardi matin chez IGA. Dix-huit heures. Un cocktail invitant comme dans les années ’80 : sushis, canapés, hors-d’œuvre à la mode et roulés de toutes sortes. Délicieux !
— La soirée commence bien, se dit Claude, Coco pour les intimes.
Coco, c’est un peu « l’employé cool » de la shop, toujours prêt à rendre service. Tout le monde l’adore. Coco est tellement drôle, surtout lorsqu’il a un p’tit verre dans le nez.
Une fontaine de punch se dresse au beau milieu de la salle, vous savez, comme on retrouvait dans certains mariages italiens. Une liqueur rose au goût douteux, mixée avec les saveurs du jour, beaucoup de saveurs, quelques fruits ramollis et colorés d’une grenadine collante.
— Ça fait Noël, comme dit Mimi, la fille à la comptabilité, c’est l’fun, c’est bon, c’est sucré.
Bref, en fin de compte, après quelques gobelets, la shop au complet commence à se dégourdir. Une musique du temps des fêtes perce les colonnes de son. White Christmas dans toutes les versions, même la disco sortie des boules à mites. Le fun est parti, mon Coco passe au gin. Un verre, puis un autre.
À 19 h 30, la table est mise, tout le monde veut s’asseoir avec lui, il est tellement drôle, une farce n’attend pas l’autre. Sur chacune des tables de bonnes bouteilles de vin. Le boss a mis le paquet. Party rétro après Covid, le « bien-être » des employés s’impose. Menu traditionnel aussi lourd que le discours du trône. Beaucoup (trop) de vins. Claude adore le vin rouge. Après le cocktail, le gin, il attaque le vin et le repas avec un groupe de collègues qui se sont collés à lui, comme une mouche sur une tarte aux fraises. Il est tellement fou notre Coco.
Je vous fais grâce des détails de la soirée et des jokes de mononcle. Une partie du troupeau est dans une euphorie singulière, même le boss est dans un état second, il fait un fou de lui-même, mais personne ne s’en aperçoit, vraiment. Les employés s’en donnent à cœur joie. Le bar est ouvert, on se colle, ça n’arrive rien qu’une fois par année, vive la galette, les garçons, les filles avec…
Le temps passe et certaines bonnes manières aussi. On se retrouve en toute fin de la soirée où notre Coco national, qui a désormais le quotient intellectuel d’un jambon cuit, passe à l’attaque. Les pieds plus ronds qu’une bûche de Noël, il insiste pour conduire sa bagnole… Plusieurs collègues, guère mieux que lui, proposent qu’il prenne un taxi. Ou encore de téléphoner à Nez rouge.
— J’suis pas chaud, j’ai pris deux trois verres (air connu). Puis je reste à côté, pas loin de l’aréna.
Tout le monde sait que même à côté, paqueté c’est trop loin et surtout trop dangereux. Personne ne réussit à maîtriser la bête. Il sort du stationnement, démarre sa voiture et roule à peine vingt pieds lorsque deux policiers le tassent. Résultats catastrophiques : en plus de la perte de son permis, notre comique perd aussi la face auprès de son public. Beau travail de nos amis, les policiers, on ne le répétera jamais assez.
Pas de chance à prendre, ne faites pas comme Coco. Nez rouge ou le taxi, si vous buvez trop !