Le mécanisme d’accès à l’hébergement doit être amélioré pour plusieurs raisons : des solutions existent
Par Ahmed Chetioui
Au Québec, selon les statistiques, plus de 21 000 demandes d’hébergement sont acceptées chaque année. Une demande sur trois est effectuée alors que la personne est hospitalisée, celles-ci représentent les demandes urgentes, car il faut libérer des lits dans les hôpitaux.
Le reste donc, un peu plus de 10 000 personnes, sont en attente d’une place d’hébergement permanente. Le public va absorber une majorité de ces demandes en quelques mois. D’autres cependant vont attendre deux, trois, voire quatre ans pour obtenir une place en résidence.
Le mécanisme d’accès à l’hébergement doit être amélioré pour plusieurs raisons :
Tout d’abord, il faut que les droits des personnes âgées soient toujours respectés. C’est le cas du droit de choisir son établissement de soins, d’être bien informé et de refuser une place offerte si elle ne convient pas. C’est aussi respecter le choix de rester chez soi, et d’accéder aux soins à domicile. Ces derniers ne sont pas toujours présents, par manque de moyens humains et de la part de la personne âgée, un manque de moyens financiers, s’il doit faire affaire avec une agence privée d’aide à domicile, car ces soins ne sont pas pris en charge à leur juste valeur par l’assurance maladie ;
Lorsqu’une place se libère, la majorité des déménagements dans le public doivent se faire dans les 48 heures ; cela n’engendre que détresse et stress inutile à la personne âgée ;
Parfois, la personne âgée doit accepter un hébergement transitoire, qui peut se trouver loin de son milieu de vie, car elle ne peut plus rester chez elle, à son domicile familial ou à son RPA. Et le lieu d’hébergement qu’elle souhaite n’est pas encore disponible. Ceci créée un éloignement de son réseau et généraliser une forme d’itinérance en fin de vie ;
En raison de la disparité et des différences de fonctionnement des CIUSSS et CISSS… dans les régions, le traitement des demandes et les délais d’attente diffèrent d’une région à l’autre. Une centralisation des pouvoirs décisionnels et une uniformisation des pratiques pourraient probablement régler ce problème ;
Les besoins cliniques sont toujours priorisés au détriment des besoins socioaffectifs, nous le voyons souvent dans les demandes en hébergement en RI ; un couple qui n’a pas les mêmes besoins peut être séparé ;
L’attente est démesurée pour être hébergé à l’extérieur de son territoire de résidence. Cela peut empêcher la personne âgée de se rapprocher de sa famille, cela aussi montre le manque de communication et de collaboration entre les différents CIUSSS ou CISSS. La personne âgée est obligée de déménager en premier lieu dans la région souhaitée, pour pouvoir accéder à un hébergement la rapprochant de sa famille ;
L’hospitalisation est devenue le meilleur moyen pour accéder rapidement à un hébergement en résidence, car pour un état de santé similaire, les délais d’attente sont plus longs à domicile qu’à l’hôpital.
Je conclurais ma synthèse en prenant à témoin les autorités responsables de la santé du contribuable. Ces derniers doivent s’atteler à rendre le mécanisme d’accès à l’hébergement plus humain et plus équitable, à renforcer le respect des droits de la personne âgée et à lui faire preuve de considération. Les demandes ne feront qu’augmenter avec le temps et le vieillissement de la population.
Le financement des soins à domicile doit être revu en profondeur, des solutions existent pour que nos aînés soient mieux considérés, et que leur parcours de vie ne finisse pas en 12 travaux d’Hercule.