Par Marek Zielinski
Recherche de Luz Garcia de Zielinski
Les hommes sont des salauds – à quelques exceptions près : nos pères, nos frères, nos fils, nos maris, quelques collègues de travail échappent à cette catégorisation. Si l’on additionne ces exceptions, on arrive à pas mal de monde – ce sont les salauds qui deviennent des exceptions.
Le 19 novembre, l’homme a sa journée. Une autre, j’entends murmurer, parmi les 364 restantes de l’année. Une assertion discutable, qui a le seul mérite d’éviter toute discussion. Pourtant, en foulant le tapis rouge que la vie nous déroule supposément sous nos pieds, il nous arrive de trébucher, de tomber, de ne plus nous relever, de rester au tapis, assommé. Les statistiques le confirment, l’observation personnelle, sans préjugé, permet également de voir les craquelures et fissures dans l’édifice apparemment lisse de la masculinité.
Notre plus grande faille, à nous les hommes (le moment mea culpa est arrivé), c’est l’absence. L’absence physique, souvent (les familles monoparentales avec la mère seule au foyer sont nombreuses), mais surtout émotionnelle, sentimentale. Les idées, les émotions n’existent que si elles sont exprimées, quand on les incarne. Ne dit-on pas que l’amour n’existe pas, il n’y a que des preuves de l’amour –, gestes et attitudes concrets, de préférence prémédités, conscients.
Et pourtant, l’exemple des réalisations des femmes est là, sous nos yeux, comme une route tracée d’avance que nous nous entêtons à ne pas voir. Pour avancer, il faut être de toutes les batailles, il faut dire haut et fort le mal qui nous ronge, tendre la main pour recevoir de l’aide et l’accepter en toute humilité quand on nous l’offre.
L’univers des héros interpelle avec une force particulière les hommes, et surtout les jeunes garçons. Il nous interpelle, car il subsiste en nous la nostalgie de notre propre grandeur, de notre force. L’être humain est fort, souvent à son insu. La société reconnaît aujourd’hui l’héroïsme des femmes dans leurs gestes quotidiens, dans leur résilience, dans leur force tranquille. Pour qu’un homme mérite l’appellation de héros, il faut qu’il soit doté de la capacité de voler ou de foudroyer ses ennemis avec les rayons de ses yeux. Ou de manier un marteau, le comble du ridicule (rien de personnel, cher Thor !). Il n’y a plus de héros au quotidien, il n’y a que des superhéros, sauvant le monde (et accessoirement la veuve et l’orphelin), mais incapables de préparer une boîte à lunch pour sa progéniture!
Durant les deux ans d’Explore Verdun/IDS, nous avons dressé plusieurs portraits d’hommes formidables, impliqués dans leur communauté, présents pour leurs enfants et épouses. Les héros, les vrais, sont parmi nous, sans cape ou collant ou carapace pare-balles au physique de rêve (Hollywood, je te hais !).
Une tape dans le dos, c’est tout ce qu’on demande. Une tape pour nous redresser et nous pousser discrètement dans la bonne direction.