Le promoteur immobilier verdunois Alexandre Forgues a engagé des procédures afin d’obtenir un jugement déclaratoire sur le droit de préemption que Montréal a exercé sur un lot. Ce droit entraîne, dans ce cas précis, le blocage d’un projet résidentiel de 600 logements répartis sur trois lots, dont celui retenu par la Ville au 3897 rue Bannantyne.
Par Pierre Lussier
Affirmant ne pas être contre le nouveau pouvoir de la Ville, « un super bel outil », selon lui, Alexandre Forgues souhaite clarifier l’utilisation du droit de préemption, car il se dit déçu de l’application de ce droit sur un lot du quadrilatère communément appelé Hickson-Dupuis.
« Ce geste bloque la réalisation d’un projet immobilier de plusieurs centaines de logements abordables et de logements sociaux sur deux lots voisins », note le promoteur : soit l’emplacement de l’ancienne vitrerie Charlebois et le terrain à l’arrière de l’ex-concessionnaire Cascade Ford. C’est d’ailleurs ce lot qui fait angle avec les rues Hickson et Bannantyne qui cause problème, en raison du droit de préemption.
« Ce qu’on veut, affirme Forgues, c’est un jugement déclaratoire d’un juge qui fixera les balises du droit de préemption. »
Alexandre Forgues se rappelle que les discussions allaient bon train, l’an dernier, pour réaliser un projet intéressant. « Un an a été perdu pour tout le monde, sans qu’aucun logement social ne puisse se construire », déplore Alexandre Forgues. Le promoteur estime finalement que la Ville de Montréal n’a pas les fonds pour acheter les trois lots en question.
Un promoteur innovateur
Alexandre Forgues est président de District Atwater, une entreprise spécialisée dans le « développement dit responsable » de logements. Celui-ci s’est lancé il y a plus d’un an dans des « discussions très ouvertes » avec la Ville sur son nouveau projet dans le secteur Hickson Dupuis, situé tout près du parc Duquette. C’est à cet endroit que le jeune promoteur projette d’y construire trois unités contiguës de centaines de logements qu’il veut « abordables » et « intégrés dans la communauté », comme d’autres de ses réalisations, notamment le plus récent complexe immobilier « Origine Habitations Durable » érigé à l’angle de la rue de l’Église et du boulevard LaSalle.
En 2017, lors de la consultation citoyenne participative en amont du projet Origine, Alexandre Forgues a affirmé s’être engagé à contribuer au mieux-être du milieu. C’est un fait indéniable, le jeune promoteur a travaillé avec le groupe de la Table de logement social et notamment avec Claire Lapointe et Steve Baird, du CACV, ainsi que Julien Caffin, du CDSV. SOLIDES, une société immobilière communautaire de la Rive Sud s’est implantée à Verdun en achetant un immeuble sur Woodland.
Alexandre Forgues rappelle par ailleurs qu’il n’a jamais été en situation de confrontation avec l’administration Plante.
Le droit de préemption et la règle du 20-20-20
Ce droit de préemption acquis de Québec par voie législative en 2017, et maintenant pouvant s’exercer dans toutes les municipalités de la province, donne la possibilité d’acheter des terrains et des bâtiments en priorité à une municipalité. C’est un privilège que Montréal applique seulement depuis février 2020, afin d’y développer des logements sociaux et communautaires au moment où la rareté des terrains engendre une vive compétition des acheteurs potentiels.
La Ville de Montréal possède également un autre outil réglementaire avec la règle du 20-20-20 qui oblige les promoteurs immobiliers à inclure dans leur projet, 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux de trois chambres et plus. La mairesse Plante semblait trouver cet outil mieux adapté aux grands projets résidentiels.
De retour de vacances, la mairesse de Verdun, Marie-Andrée Mauger, assistait à l’assemblée annuelle du Réseau Affaires de Verdun lundi dernier. Nous lui avons demandé son opinion dans cette affaire, mais elle n’a pas voulu commenter, préférant s’informer davantage de ces procédures avant de prendre position.