Un billet de Jean-Guy Marceau
Quelle soirée chez son amie Estelle ! Un party de fête vraiment réussie, songe Catherine, bien allongée dans son bain mousse avec aux yeux deux tranches de concombre. Trois jours s’étaient passés depuis et, c’est aujourd’hui qu’aura lieu le premier rendez-vous galant. Louis-Charles s’était décidé à la dernière minute pour inviter Catherine au resto Rita. Un oui trop spontané était sorti de sa bouche, mais avant, il fallait passer au Café Chato sur de Verdun, elle était tombée sous le charme d’un chaton blanc tout à fait adorable.
Elle sort du bain, relaxe et se prépare tranquillement. Elle a tout son temps et elle le prend. Sa colloque est partie pour quatre jours, le bonheur ! Elle se verse une bière aussi rousse que sa chevelure et glisse un CD de Noël dans son vieux lecteur. Comment sortira-t-elle de cette soirée ? Ravie, blessée, amoureuse ou déçue. À 17 h pile on sonne, c’est sûrement mon Roméo, se dit-elle en riant. Elle va ouvrir d’un pas assuré, à travers le carrelage de la porte, Catherine reconnaît le jeune homme, ses cheveux bouclés, ses lunettes rondes et son nez pointu. Elle ouvre avec un faux naturel, elle lui fait la bise comme pour sceller cette première rencontre.
Après une courte visite des lieux, elle lui offre une rousse et c’est au son de White Christmas qu’ils se racontent en accéléré leurs jeunes vies. Le temps passe et trois bières plus tard, ils partent à pied pour le resto. Aujourd’hui, une dizaine de chats se baladent à travers l’aménagement du sympathique café, pendant que les nouveaux amoureux sirotent un café bouillant. Catherine lui présente son coup de cœur : Mandoline, une magnifique chatte blanche. Tous ces chats sont en adoption et c’est dans quelques jours que Catherine viendra récupérer son trésor. Ils quittent le petit café et, dehors, comme par magie, la neige tombe en abondance, déposant sur eux de cristaux scintillants.
Ils marchent à travers les rues pendant plusieurs minutes. Le temps s’est arrêté.
19 h 30 l’heure de la pizza a sonné. Louis Charles a le regard couleur désir et lui cache subtilement son allergie pour les chats. C’est avec les yeux rouges et la gorge nouée qu’il tente de lire son menu. Ce sera une Lia pour lui et une Donnie pour elle. Ils passeront toute la soirée les yeux dans les yeux et la tête à midi moins quart, comme habités par un sentiment nouveau et terriblement vertigineux. En fin de session universitaire, cette nouvelle relation tombe à point. Ils quitteront Verdun chacun de leur côté pour Noël. Ils n’ont pas de temps à perdre, quelques jours les séparent des Fêtes et ils comptent bien en profiter. C’est dans cet esprit magique et enivrant que Louis-Charles tentera de lui exprimer son malaise face à Mandoline. L’histoire ne le dit pas s’il réussit… mais parions que ‘‘Chat’’ pourra s’arranger puisqu’il n’est pas allergique à l’amour.