On cherche des sources d’inspiration pour résoudre la crise du logement.
Des gens se rendent en délégation à Vienne ou ailleurs dans le monde
pour voir comment on aborde de tels problèmes,
alors que des expériences locales,
notamment Corvée-Habitation et Logipop, méritent notre attention.
Une analyse de Pierre Lussier
La semaine dernière, je vous parlais de Corvée-Habitation qui a permis de mettre en chantier des milliers de logements au Québec entre 1982 et 1985. Cette semaine, nous aborderons d’autres initiatives qui ont contribué à résoudre le manque de logements de qualité.
Logipop porte bien son nom
En 1977, la Société d’habitation du Québec (SHQ) a mis sur pied le programme Logipop d’aide au logement populaire qui subventionne le démarrage de coopératives d’habitation. Dans le cadre de ce programme qui est pratiquement à l’origine des Groupes de ressources techniques, les GRT ont orchestré la mise en chantier de près de 11 000 unités de logement au Québec. Leur rôle est de favoriser la création de coopératives d’habitation et par extension à partir de 1980, de mettre sur pied des organismes à but non lucratif (OBNL).
Rappelons l’importance des GRT, dont le mandat est de promouvoir et élaborer des projets d’habitation appartenant à des coopératives d’habitation ou des OBNL. Les GRT encadrent la réalisation des projets comme la coopération d’habitation de La Poudrière et plus récemment les Habitations Entre Deux-Âges et la coop Rêve Bleu, à qui on fournit des services professionnels, architectes, ingénieurs, et spécialistes de toutes sortes.
Notez que la majorité des coopératives d’habitation québécoises a bénéficié de subventions provenant principalement de la SCHL au fédéral et de la SHQ au provincial pour la réalisation de ces projets immobiliers. Plus de 39 projets coopératifs ou à but non lucratif ont vu le jour à Verdun depuis une quarantaine d’années.
Opération 20 000 logements
Natif de Côte Saint-Paul et conseiller municipal de Saint-Henri pendant de nombreuses années, Yvon Lamarre a soigneusement préparé son arrivée comme président du Comité exécutif de la Ville de Montréal, en 1978. M. Lamarre avait tout un programme de relance pour Montréal, notamment dans le développement résidentiel. On lui doit le lancement de l’Opération 10 000 logements de 1979, qui est devenue l’Opération 20 000 logements en 1982.
Le but de l’Opération est de freiner l’exode des jeunes familles montréalaises vers la banlieue. À un moment où la population de la Ville décroît et la morosité est à son comble, on offrait des conditions avantageuses d’achat d’une propriété aux jeunes ménages pour demeurer ou revenir à Montréal.
À cette époque, Montréal possède un domaine foncier important et inutilisé, des terrains vagues qui invitent à la densification du territoire. On offrait ainsi aux promoteurs immobiliers à des prix fixés d’avance et assujettis à des règles architecturales sévères, la possibilité de réaliser un projet résidentiel d’envergure.
L’opération, confiée tant aux sociétés paramunicipales qu’aux constructeurs privés, a connu un succès réel et contribué à la création de véritables nouveaux quartiers urbains, tels Angus, Georges-Vanier et André-Grasset. Pas étonnant que la Société d’habitation du Québec ait rendu un vibrant hommage à l’ex-président du Comité exécutif de la Ville, lors de son décès en 2020.
« Yvon Lamarre, à qui l’on doit notamment la création de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) », précise la SHQ en soulignant son engagement, « dans la création de logements sociaux pour de nombreuses familles, ce qui a grandement amélioré la qualité du logement à Montréal ».
En terminant, notez que l’actuelle crise du logement crée une telle pression sur les locataires que plusieurs d’entre eux sont victimes de hausses abusives et d’avis d’éviction souvent non justifiés. Le cas de résidents du boulevard LaSalle a forcé l’intervention de la députée de Verdun Alejandra Zaga Mendez, et de la conseillère d’arrondissement Kaïla A. Munro cette semaine. À suivre.
