Depuis la fenêtre de ma chambre, je sentais une odeur de fumée. Minuit trente, je n’arrivais pas à détecter d’où elle venait… De la plage, d’une cheminée voisine ? L’été tirait à sa fin et mes vacances aussi. Je me levai donc et descendis l’escalier craquante de la maison bicentenaire, direction grève en pleine nuit.
Il me fallait pour ce faire, traverser un petit cimetière. La lune était pleine, immense et dorée comme du blé d’Inde. Cela allait sans doute faciliter ma promenade nocturne.
Plusieurs épitaphes se dressaient dans la nuit et montaient la garde. Des ombres dansaient, soutenues par un vent léger du large. Je connaissais chacune de ces pierres tombales, certains résidents de la paroisse et beaucoup de marins naufragés qui reposent ici, en paix, au pieds d’une rangée d’épinettes noires, vieilles et imposantes. Un calme saisissant.

Traverser le sous-bois dans un petit sentier tapissé d’épines, était la dernière étape avant de gagner la plage grise et sournoise. La mer argentée frissonnait sous une lune bienveillante. Des amas de bois de mer et d’immenses rochers noirs et luisants sculptaient le paysage nocturne et offraient un curieux décor, à la fois terrifiant et terriblement fascinant.
Aucune trace de feu de grève, personne à l’horizon. Je repris le chemin du retour dans le silence d’une nuit ouatée. Une chouette solitaire pleurait dans le noir.
Arrivé à la maison, tout près, la cheminée de la résidence de Diana ma voisine, crachait une fumée bleue qui touchait les nuageuses les plus hauts. Deux coups à l’horloge grand-père me ramenaient au sommeil. Au réveil, je me demandai si tout cela n’avait été qu’un rêve.