Texte et photos de Mario Lefebvre
En ce début de nouvelle année, rencontre avec le pic chevelu dans un décor féerique d’hiver. De passage chez des amis, je constate qu’au sous-bois de leur chaumière, les oiseaux viennent de partout pour se nourrir aux mangeoires et aux carrés de saindoux savamment disposés pour eux.
Je ne fais ni un ni deux, je me mêle aux flocons légers tombant sur moi… comme si les oiseaux me les apportent dans leur tourbillon d’ailes. Muni de mon appareil photo, je me fonds au paysage et, discrètement, je capte la scène de ma lentille grossissante afin de ne pas modifier le cours des choses. Sittelles, mésanges et pics se régalent ! Chez ces gens-là, on respecte nos volatiles en ne les nourrissant que l’hiver. De cette façon, les oiseaux ont le réflexe de s’alimenter naturellement durant la saison estivale, ce qui contribue à garder leur tonus et leur vitalité tout au long de ces froids rigoureux.
Le pic chevelu pourra compléter son apport en protéine et en gras, en visitant les mangeoires avoisinantes. Cet oiseau de taille moyenne pèse entre 45 et 90 grammes grâce à un bec presque aussi long que sa tête. Ce détail n’en est pas un ; son cousin, le pic mineur, est en tout point semblable au pic chevelu, mais possède un bec plus petit ainsi qu’une plus petite taille. Ornithologues amateurs, voici deux détails qui ne mentent pas quand il s’agit d’identifier ces deux espèces de pic. En images, vous constaterez la tache rouge écarlate du pic chevelu mâle à l’arrière de sa tête, ainsi que ses bandes malaires blanches, faisant contraste avec la bande noire qui descend le long de son cou pour rejoindre le dos.
Chez le pic chevelu, la femelle est un peu plus petite que le mâle et le derrière de sa tête est noir plutôt que rouge. Tous les deux ont une livrée rayée de noir et de blanc. Souvent, j’aperçois un mâle, puis une femelle qui se présente, phénomène commun également chez d’autres espèces d’oiseaux.
Les pics sont des oiseaux que j’aime beaucoup et j’aurai peut-être, avec le temps, la possibilité de les apercevoir tous sur le territoire québécois. En me fiant à un guide d’oiseaux du Québec, neuf pics y vivent dont certaines espèces migrent vers le sud en période hivernale. Jusqu’à présent, j’ai identifié cinq sortes de pics et vous les retrouverez dans mes chroniques d’ornithologie précédentes. Le pic tambourine à qui mieux mieux et se fait entendre de loin. Martelant l’écorce des arbres, soulevant des copeaux et fouissant son bec dans la cavité creusée et sculptée, le pic chevelu y trouve sa nourriture et communique avec les autres pics dans ses saccades de tête qui font écho dans la forêt. Il est capable de percer les différentes couches de l’arbre jusqu’à son centre, écorce, cambium, liber, aubier et duramen.
Le pic chevelu possède des pattes munies de quatre doigts, deux à l’avant et deux à l’arrière. Avec ses griffes acérées, il s’agrippe à la paroi verticale des arbres avec aisance. De là, il peut trouver sa nourriture et construire son nid. Le pic creusera un trou, en choisissant une branche qui est un peu penchée et se servira du côté antérieur de celle-ci. Difficile d’accès pour les écureuils et les oiseaux de proies, ce gîte constituera un nid propice à une couvée d’oisillons bien protégée.
À tous, une année de joie, de santé et d’observation d’oiseaux sans précédent.
Pic chevelu
Picoides villosus
Hairy woodpecker
Ordre des piciformes
Famille des picadés