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Mercredi, 04 décembre 2024

Le chapardeur

Mésangeai du Canada
Gray Jay
Perisoreus canadensis

Ordre des passeriformes
Famille des corvidés

Texte et photo de Mario Lefebvre

Pour ma cinquantième chronique d’ornithologie, permettez-moi de sortir des sentiers battus et de vous présenter un oiseau peu commun. En effet, le mésangeai du Canada est un oiseau emblématique des forêts boréales du Canada. En 2016, une compétition organisée par le magazine National Geographic a sélectionné le mésangeai du Canada comme l’oiseau national du pays, distinction qui n’est pas reconnue officiellement à ce jour par le gouvernement fédéral. Comme la tendance est au changement, il s’appelait autrefois Geai gris ou Geai du Canada. Ce n’est que récemment que son nom a été changé pour mésangeai du Canada.

Cet oiseau a été nommé ainsi en raison de sa ressemblance avec la mésange mais le mésangeai du Canada est un oiseau beaucoup plus gros que notre charmante petite mésange à tête noire. Lors d’un trek dans les montagnes de Cypress, à Vancouver, j’ai eu la chance d’apercevoir ce bel oiseau, bien que l’on puisse le retrouver également dans les forêts du nord du Québec.

Il s’agit ici d’un oiseau monogame et omnivore, qui se nourrit de baies, d’arthropodes, de vers, de charognes, d’oisillons, d’œufs et de petits mammifères, tels que les musaraignes, campagnols et chauves-souris juvéniles. Le mésangeai du Canada est souvent associé à l’oiseau qui chaparde la nourriture des campeurs. Dans la langue anglaise, il est même connu sous le nom de « whisky Jack » et de « camp robber ». Nullement farouche envers les humains, il vient quémander ou chopper de la nourriture dans les camps de bûcherons, auprès des chasseurs ou des randonneurs.

Parlons un peu de sa morphologie : il pèse environ 70 grammes et possède une envergure d’ailes de 46 centimètres pour une longueur totale de 29 centimètres. Son plumage gris est duveteux et son ventre est anthracite. Il a de grands yeux noirs et son bec est court. Les longues plumes caudales se terminent en forme de balai ou d’éventail qui se remarque lorsqu’il est en vol. Le mésangeai du Canada peut vivre une quinzaine d’années. Cette longévité impressionnante est attribuée à l’entreposage des aliments. Tout aliment qui dépasse les besoins immédiats des geais, est travaillé par des allers-retours dans la bouche de l’oiseau, jusqu’à ce que ses glandes salivaires élargies enrobent le morceau de salive gluante. Préparée ainsi, la nourriture est coincée derrière un morceau d’écorce, sous du lichen ou dans n’importe quel autre recoin inimaginable. Durant les longues journées estivales, il peut cacher jusqu’à 1000 morceaux dans une seule journée.

Le mésangeai femelle prépare son nid dès le mois de février sur une plateforme de branches, de brindilles, d’écorces et de duvet douillet pour l’intérieur de sa demeure. Si le mésangeai du Canada parvient à couver ses œufs à des températures de -30 Celsius, c’est grâce aux centaines de cocons insérés au travers des branches, qui lui permettent de combler les interstices de son nid. Cet isolant naturel lui confère un lieu chaud pour les oisillons à naître et la femelle peut ainsi mettre bas en pleine tempête hivernale.

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