Chouette rayée
Strix varia
Barred owl
Ordre des strigiformes
Famille des strigidés
Texte et photos de Mario Lefebvre
L’oiseau, qui fait la chronique cette semaine, est une espèce de hibou qui ne laisse personne indifférent lors de sa rencontre. Cette belle chouette rayée a été prise en photo au moins une centaine de fois avant que j’en sois lassé.
Pas plus tard que la semaine dernière, en ce début novembre, je marchais allègrement dans le charmant sentier du boisé Saint-Paul de L’Île-des-Sœurs. Soudain, mon regard s’arrête sur une belle chouette rayée, perchée sur la branche d’un arbre à seulement quelques mètres de moi : elle attendait que je me pointe pour tirer en photo sa fière allure.
La chouette rayée est une espèce parmi plusieurs autres, mais elle est résidente permanente, donc on peut l’observer aussi l’hiver dans les boisés de conifères et de feuillus aux grands arbres. Différente des autres hiboux par ses yeux bruns, contrairement aux yeux rouges des autres rapaces nocturnes, la chouette rayée chasse à l’aurore et au crépuscule. Le jour, il est fréquent de la voir perchée sur une branche ou dans une cavité d’arbre, les yeux mi-clos, à l’affût du moindre bruit d’un éventuel repas.
Pour obtenir un aussi beau plumage, la chouette rayée se nourrit de souris, mais aussi de lapins, tamias, renards, d’opossums et d’oiseaux comme les tétras et les colombes. Perchée sur une branche, elle se précipite en vol plané sur sa proie et à l’aide de ses quatre griffes, transperce la chair et rejoint les organes de ses proies. Dès que son butin est attrapé, elle s’envole rapidement pour se réfugier dans un arbre, où à l’aide de son bec acéré, elle déchiquette en morceaux, fourrures et chairs en avalant tout ! Ensuite, par régurgitation, elle se débarrasse des parties non comestibles sous forme de pelote.
Les amateurs d’ornithologie sont au fait d’une pratique peu reluisante, afin de photographier les oiseaux de proie, et savent qu’elle en est interdite. Il s’agirait d’accrocher au bout d’un fil une souris morte, une gerbille ou un petit rongeur quelconque, et le hisser à la branche d’un arbre, tout en attendant qu’un oiseau prenne l’appât en vol. Cette façon de faire est néfaste pour les oiseaux et est pratiquée dans le but d’obtenir les mérites de la photo et se péter les bretelles !
L’observation des oiseaux est avant tout une satisfaction personnelle : admirer le sujet venu se poser pendant ce court et futile laps de temps. À partir du moment, ou par des moyens non naturels, on alimente les oiseaux, c’est eux qui en paient le prix. C’est prouvé que dès que l’on nourrit les animaux sauvages, ils deviennent dépendants de nous. Et quand l’homme quitte la scène, l’animal ayant perdu son instinct pour se nourrir par lui-même meurt. En hiver, nourrir les passereaux dans notre cour avec de bonnes graines et du gras, demeure une pratique acceptable et ne fait aucun tort à ces derniers.
Nourrir des centaines d’oiseaux avec du pain ou d’autres aliments est strictement interdit et passible d’une amende salée. Imaginez ces pauvres oiseaux, le bec englué d’amidon, qui reste collé à leur palais et qui les fait suffoquer à petit feu. Sans parler des résidus du pain qui pollue les eaux et se traduit par l’apparition d’algues néfastes. Parfois un geste répété, qui semble anodin, se traduit par la perte d’une espèce déjà fragilisée par ces autres petits gestes qui nous semblaient tout aussi anodins.
Bonne semaine.